Edmond François Calvo

 

Né le 26 août 1892 à Elbeuf (Seine-Maritime), où se déroule son enfance, mort à 65 ans, le 11 octobre 1957, à Pont-Saint-Pierre (Eure), Edmond François Calvo, dit Calvo, cultive de façon très autodidacte une passion pour le dessin tout en exerçant différents métiers (directeur d’une manufacture de sabots, patron d’un hôtel-restaurant), rien ne le prédestinant à devenir l’un des plus grands noms de la bande dessinée française.

Après des débuts comme illustrateur et caricaturiste pour Le Canard enchaîné, entre autres, travaillant par ailleurs pour le secteur publicitaire et s’adonnant aussi à la sculpture, Calvo cède en 1938 son établissement afin de pouvoir se consacrer pleinement à cette passion du dessin n’ayant jamais cessé de l’habiter.

Alors d’âge trop avancé pour prendre part au front, il ne constitue pas moins, à sa façon, un témoin actif de la Seconde Guerre mondiale, à travers notamment l’œuvre qui devait le faire connaître à la Libération, La Bête est morte ! (texte de Victor Dancette et Jacques Zimmermann), une transposition animalière du conflit dans laquelle chaque peuple se voit, sous des traits autant mordants que savoureux, assimilé à un animal. Même si des réserves ont pu de-ci de-là être exprimées quant au récit lui-même eu égard au contexte de l’époque, la singularité du dessin a érigé La Bête est morte ! au rang des chefs-d’œuvre de l’histoire de la bande dessinée.

Cette passion que Calvo n’a de cesse de cultiver pour le monde animal en composant un univers fait de tendresse et d’humour, et sa capacité à exprimer de façon puissante et caricaturale les sentiments humains, l’amènent par ailleurs à réaliser l’Abécédaire (1946) où le personnage central, un lapin dénommé « Mr Loyal », œuvre dans un cirque au milieu de toute une ménagerie – la volonté manifeste de l’auteur étant de simultanément distraire les enfants et les instruire, ainsi en leur faisant apprendre de façon très ludique l’alphabet.

Ayant excellé dans la représentation d’un monde animal respirant la joie de vivre, Calvo a été surnommé le « Walt Disney français ». Un souci poussé de réalisme dans son art de forcer le trait caractérise son style, mais aussi un souci de vivacité – un style immédiatement identifiable et n’ayant pas été imité, ayant néanmoins inspiré Uderzo qui, enfant, rendait volontiers visite à Calvo dans son atelier.

Une démarche artistique originale qui a durablement contribué à l’essor du livre jeunesse, dans le sillage du profond mouvement d’alphabétisation ayant marqué en France toute la IIIe République, mais aussi avec la prépondérance de l’image ayant facilité la diffusion des publications illustrées dans tous les foyers. C’est pourtant seulement au seuil des années 1970 que Calvo a fait l’objet d’une redécouverte l’ayant propulsé au firmament des auteurs de bande dessinée.